Laura Vordemann,
Étudiante
Je m'appelle Laura. J'ai 20 ans. Mon histoire n'est probablement pas une grande contribution à cette cause, mais j'ai été si touchée par celles de tous ces gens courageux, que j'ai ressenti le besoin d'écrire la mienne aussi.
A ma naissance j'ai été diagnostiquée d'albinisme. D'abord les docteurs pensaient que j'étais aveugle, mais il s'est avéré que je n'étais que malvoyante. Depuis, ma mère dévouée a fait de son mieux pour que mon frère et moi, qui est aussi atteint d'albinisme, puissions débuter dans la vie sur un pied d'égalité.
Je suis originaire d'un pays dans lequel nous sommes très soutenus par le gouvernement, ce qui n'est pas toujours le cas dans le reste du monde. Pourtant, c'était le sentiment d'être différente et tout ce qui va avec, qui m'a fait peiner à trouver ma place dans ce monde.
Rencontre avec Laura Vordemann
Enfance
"En apparence j'étais quelqu'un d'on ne peut plus heureuse, toujours prête à plaisanter."
Tout a commencé quand je suis allé à l'école à l'âge de 6 ans. Je me suis soudain rendu compte que mes autres camarades pouvaient voir infiniment mieux que moi. J'avais honte d'avoir un handicap et j'essayais de le cacher du mieux que je pouvais. Ainsi j'étais vigoureusement opposée à tout ce qui concernait l'Institut pour aveugles et malvoyants. Souvent je me disputais avec les travailleurs sociaux qui n'arrivaient pas à comprendre que le souhait le plus cher d'une petite fille de huit ans était d'être 'normale'. La nuit, je rêvais que j'étais guérie ou que j'avais des superpouvoirs qui compensaient ma mauvaise vue.
Mon manque d'assurance grandissait avec les années. Je terminais l'école primaire et commençais l'enseignement secondaire. C'était le temps des premiers amours de l'adolescence. Bien sûr je suis tombée amoureuse de garçons de ma classe, mais je n'osais même pas imaginer qu'ils pouvaient en fait s'intéresser à moi. Je me sentais moche et handicapée. En apparence j'étais quelqu'un d'on ne peut plus heureuse, toujours prête à plaisanter. Ce n'était pas comme si j'étais une marginale. Alors que toutes mes copines commençaient à sortir et à avoir des petits amis, moi je souhaitais de n'être pas née. Un jour j'ai dit à ma mère que je ne voudrais jamais avoir d'enfants parce que je risquerais de leur transmettre l'albinisme.
Trouver sa voie
Puisque je ne consacrais pas mon temps aux garçons, j'avais beaucoup de place pour les livres et autres loisirs. Partir à l'étranger était une idée qui commençait à me trotter dans la tête. Quand j'en ai parlé à ma mère, elle m'a absolument encouragée à faire une année d'échange. Ça a été un grand tournant dans ma vie. Je me suis rendu compte qu'il n'y avait aucune limite qui me retenait. Toutes les limites existaient seulement dans ma tête et n'avait été créées que par mon esprit. Je me suis rendu compte que mon handicap, que mon albinisme n'était pas un problème aussi grave que ça, mais que c'était moi qui en faisais un problème.
J'ai mis plus de quinze ans à comprendre que cela n'avait aucune importance si les gens me regardaient ou se moquaient. Du moment qu'on se sent à l'aise avec soi-même et qu'on dise oui à la vie, on finit par trouver sa voie tout naturellement.